Christian Frémont Extrait par Henry Gasnier de l’interview de D. Agniel sur France Culture
|
|
|
Christian Frémont est né à Dakar, le 3 février 1949, de parents français. Délaissant pour un temps les paysages et les couleurs de l’Afrique, il poursuit des études classiques au Collège de Saint-Malo. De retour au Sénégal, il commence alors à peindre en autodidacte et participe à sa première exposition lors de l’ouverture du Musée Dynamique de Dakar. Au début des années soixante dix, il se passionne pour le cinéma et part pour la France. Il fait la connaissance de quelques peintres de l’Ecole de Nice où il s’inscrit à l’Ecole Internatinale des Arts décoratifs tout en continuant son activité cinémato-graphique avec le groupe Pattern. Deux films seront primés au Festival de Cannes : « Libra » et « Joan Dun » dans la catégorie Perspectives du Cinéma Français. Dans les années quatre vingt, il s’établit à Rome où il travaille essentiellement comme acteur, alternant des rôles secondaires dans de grosses productions de Federico Fellini, Marco Ferreri, Liliana Cavanni, Costa Gravas, Jean Yann . . . et des premiers rôles dans des productions théatrales ou de télévision comme « Le Procès de Giordanno Bruno » ou le feuilleton « Due Assi per un Turbo ». Au début des années quatre vingt dix, nouveau retour en France, où il reprend sa recherche picturale, cette fois-ci en Bourgogne, à Gevrey-Chambertin. Trois ans plus tard, on le retrouve sur une des îles les plus éloignées de l’archipel des Marquises, au beau milieu du Pacifique où il s’exile jusqu’en 1999. Ce séjour signera d’ailleurs pour lui un tournant décisif et fécond. « La liberté de l’aventurier, c’est la prise de conscience de son imposture » ou « un artiste est toujours et de toute façon un imposteur » affirme cet homme étonnant, qui allie un naturel sauvage et paradoxalement une culture raffinée, un insatiable soif de liberté et une grande disponibilité humaine. Tout au long de son insolite parcours, il a rencontré des personnages inoubliables comme le compositeur Léonard Bernstein : « Je lui ai peint un sujet sur sa demande et comme récompense, j’ai souhaité qu’il joue pour moi tout seul durant une heure . . . Il m’a comblé avec enthousiasme ! C’est un de mes souvenirs les plus précieux comme les ballades nocturnes dans Rome avec Fellini, en voiture de police et observant les putains» Que dire de son aventure polynésienne ... d’où il est revenu avec ce surnom que lui ont donné les Marquisiens : « Metaki, le Vent » ? « Imaginer, c’est s’absenter . . . loin du monde civilisé, de la douane, de la mode, de la contrebande, du talent ! Je me suis libéré des codes de pensées trop rigides et j’ai acquis une grande liberté de création » déclare l’artiste. « Au contact de ces îles où la nature est d’une puissance étonnante, au contact de cette Terre, la Terre des Hommes (Henua Enana) je me suis découvert . . . Aller aux îles, c’est effacer ses traces et pour découvrir, il faut penser autrement . . . J’avais besoin de m’isoler, de m’absenter, d’effacer mes tracess . . . » Metaki a toujours instruit un lien profond entre la vie et l’Art, assumant cette passion au risque de sa vie et de son mental. « Aller aux îles, c’est effacer ses traces . . . » Et pourtant, lui, il en a trouvé d’autres avec son regard pacifique, ce regard de celui qui voit l’invisible présence de ce qui ne se dit pas . . . Extrait par Henry Gasnier de l’interview de D. Agniel sur France Culture
|
Dernière mise à jour : 04 juin, 2002 - contact