MONSIEUR L’ÉCONOME

 

J'ai du mal a l'imaginer autrement qu'en économe, mais on dit maintenant intendant !

C'est la destruction de Saint-Malo, en août 1944, qui a révélé au père Pichot sa véritable vocation. Son prédécesseur, le timide abbé Joseph Moy, était effondré devant les ravages provoqués par une quarantaine d'obus et par plusieurs débuts d'incendie, que déjà, le père Pichot s'en allait au péril de sa vie sur le Grand Bé encore truffé de mines, pour récupérer un précieux stock d'essence abandonné par l'occupant ! Il lui servira à négocier par la suite l'essentiel du matériel de fortune pour la rentrée scolaire d'octobre 1944, celle de ma première année d'élève au «collège».

Les prodiges de ravitaillement en ces temps de pénurie, il les devait à sa connaissance profonde de l'arrière pays ni ma1ouin notamment Saint-Méloir, berceau de sa famille. Une politique habile de rachat des «droits de sinistre» lui permit, en 1954, de profiter de l'élan de la Reconstruction à Saint-Malo pour remonter de deux étages l'ensemble du bâtiment. Un peu plus tard, ce fut le rachat de Moka et de la Providence. Il ne se consola jamais d'avoir raté celui de l'école des Frères de la rue de Toulouse. Cette vision prophétique de l'avenir permit à la vieille Institution d'aborder, quelques années plus tard, la réforme de l'enseignement avec les infrastructures nécessaires à son développement actuel.

Mais ses performances dans la finance et la construction n'auraient rien été s'il n'avait fait tout ce qu'il fallait pour créer entre les prêtres une véritable vie de famille. Il en était de même avec le personnel de la maison et les extras qui assuraient l'accueil des touristes en été. Issu d'une famille nombreuse, il savait combien le contact, les repas fraternels favorisent l'amitié et créent des liens. Après lui, rien n'a été pareil. Il faut dire que la communauté sacerdotale fondait comme neige au soleil au fil des ans. Quand l'âge de la retraite a sonné pour lui, car les contrats avec l'Education Nationale ne lui permettaient pas de continuer, il a eu la chance de retrouver, à la Sainte Famille, l’idéal pour lequel il avait vécu au Collège car la maison était à construire tant matériellement que moralement. Là, il s’y connaissait et était de plus aumonier.

Le Seigneur lui a fait la grâce de conserver jusqu’à ces dernières semaines, une santé à toute épreuve, résultat de sa jeunesse sportive, habituée aux travaux des champs et à toutes sortes de bricolages. Il aurait difficilement supporté de rester alité ou simplement confiné dans une chambre. Son départ de ce monde, c’est finalement la seule retraite, le seul repos qu’il pouvait accepter. Espérons que le Seigneur l’aura ainsi comblé : « Viens, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître ! »

Adieu, père Pichot !

Extrait de l’homélie du père Leutellier, faite le 23/09/1998 à l’occasion des obsèques du père Jean-Baptiste Pichot décédé le 19/09/1998 dans sa 90ème année.

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Dernière mise à jour :  17 mai, 2001  -  contact