Né rue Ville-Pépin en 1932, tu entres en 5^ème au « collège de Saint-Malo » en octobre 1943 et te retrouves au Château de Beaufort en Plerguer où sont évacués les plus jeunes élèves. Tu adores cette ambiance de colonie de vacances et le contact avec les jeunes prêtres ainsi qu’avec les séminaristes « planqués-là » pour échapper au fameux STO en Allemagne.

C’est donc, tout à fait « impréparé », que tu découvres, l’année suivante, l’austère bâtiment qui domine les ruines de l’intra-muros et sur lequel plane l’ombre omniprésente de sous-directeur, l’abbé Marcel Donne. Tu ne sais pas que tu viens de passer là un contrat de 40 ans avec le vieil établissement. Les bons copains, la gentillesse et le dévouement des profs, tous prêtres sauf deux, illumineront tes six premières années d’études.

Ensuite, tu entres au Grand Séminaire de Rennes en 1949. Un service militaire de 18 mois te fait découvrir l’Afrique Occidentale, alors française. Ordonné prêtre en avril 1956, tu as la totale surprise d’entendre le cardinal Roques te demander de préparer une licence d’anglais :

« L’anglais, Eminence, mais je n’y ai jamais pensé ! » « Nous y avons pensé pour vous et cela doit suffir ! » Que pouvais-tu répondre à cela ? Pendant trois ans, surveillant au Collège Saint-Vincent de Rennes, tu bosses ton anglais . . .

En juin 1959, une nomination comme prof au Petit Séminaire de Châteaugiron ne te plaît qu’à moitié ... Quand, surprise, le père de la Villesboisnet, Principal du Collège, vient chez toi t’annoncer la veille de la rentrée : « Vous êtes nommé au Collège ! » Tu bondis littéralement au plafond tout à la joie de retrouver ta maison familiale et tes amis d’enfance.

Le Collège a peu changé en dix ans et Monsieur le Sous-Directeur règle toujours, dans le grand hall, le ballet immuable des rentrées en classe en exigeant un silence rigoureux dans les couloirs. L’arrivée du père Plateau détend un peu l’atmosphère : ciné-club, animations diverses, emprise du scoutisme . . . Ton ministère te conduit successivement à t’occuper de l’aumônerie des Scouts Marins. Tu crées une section de la JEC chez les grands de seconde, première et terminale avec un « English Club » qui permet aux irréductibles du scoutisme d’échapper à Marcel ! En 1961, le père Plateau te confie le « Secrtariat général de l’Amicale des Anciens », l’organisation de l’Assemblée annuelle et l’édition trimestrielle de Hurlevent, le bulletin des Anciens créé dix ans auparavant. Le dernier exemplaire date de 1968 ... Que de choses sont mortes cette année-là !

La vie d’un prêtre n’est pas facile car en plus de tes heures de cours, tu as non seulement en charge les multiples aumôneries scoutes et autres de la paroisse où tu assures à titre bénévole prédications, catéchisme, animations, conférences, expositions (1965/1980 à Saint-Jean l’Evangéliste et 1985/1995 à la Cathédrale) tout en participant à la vie culturelle de Saint-Malo.

A ce rythme, ton physique en prend un coup et une hypertension dangereuse te pousse à demander ta retraite en 1994. A 62 ans, il n’est pas trop tard pour se recycler en paroisse : un ans à la Cathédrale où tu faisait déjà fonction de vicaire depuis 15 ans, suivi d’un an à Saint-Jean/Saint-François-Xavier qui n’a plus de curé. Après tes remplacements, tu demandes à rester à Sainte-Croix dans ta paroisse d’origine, près de ta mère qui vieillit doucement.

Tu es encore à Saint-Servan aujourd’hui mais tu as laissé ton cœur intra-muros, et même plus, au sommet de l’intra-muros, dans cette chambre du 4^ème étage de ce vieux collège où tu aura enseigné pendant 35 ans et où, pendant 5 ans, tu as été le dernier professeur-prêtre, tenant ainsi à bout de bras « la culture religieuse » et l’animation spirituelle à l’Institution Saint-Malo La Providence !

Membre du Bureau de l’Amicale des Anciens et du Conseil d’Administration de l’établissement, tu détiens, sans doute, le record de présence au banquet des Anciens puisque tu n’as été absent que 3 fois entre 1960 et 2000 !

Tu ne veux pas me dévoiler son nom mais tu me dis avoir trouvé un successeur dynamique et médiatique qui maintient avec dévouement une tradition qui remonte officiellement à 1883 et qui prépare efficacement pour 2002 le bi-centenaire de la fondation du « Collège de Saint-Malo ».

Cher Michel, sois le bienvenu parmi nous le 1^er juillet prochain, tu seras à nouveau chez toi.

Henry Gasnier