Bonne retraite, Hervé Boucher
Il a dirigé l'ISM-La Providence pendant 22 ans
La communauté éducative catholique a fêté avec chaleur et émotion le départ à la retraite d'un « vieux » serviteur. Hervé Boucher, patron de L'Institution-La Providence depuis 22 ans, a réussi sa sortie par un petit coup de théâtre...
Ils étaient bien sûr tous là, ses collègues, dont Joël Vettier, mais aussi les politiques, de René Couanau à Yvon Bourges, en passant par Nicolas Quillet, Catherine Jacquemin, Francois Pannelier, directeur diocésain, Mme Delanoë, présidente de l'APEL, M. Favre, président de l'OGEC, de nombreux chefs d'établissements publics, etc.
Ils ont donné de lui, dans leurs discours, le portrait d'un homme libre, remuant, aimant la provocation humoristique, toujours en avance d'une idée, anticonformiste et généreux.
Hervé Boucher, le malicieux avait lui aussi réservé une surprise à ses collègues : un bouquin de 222 pages ( L'avis privé d'un proviseur ), écrit en secret ces derniers mois. Un formidable témoignage...
Originaire des environs de Brest, où son père était gendarme, Hervé Boucher est entré en 1953 dans l'enseignement, à Saint Pol de Léon, à 19 ans. Juste après le bac. Il est allé ensuite à Paris faire des études de lettres romanes, puis à Châteaulin où il a enseigné douze ans. En 1972, il débarque à Saint-Malo, enseignant le français et l'espagnol durant quatre ans. Il y avait 800 élèves à l'époque. « Rien ne me destinait à prendre la direction de l'ISM » , déclare Hervé Boucher, qui a pourtant vécu avec bonheur et passion toutes les rentrées depuis 22 ans. « Le trac disparaît dans l'action. C'est sain : ça rend plus conscient, plus attentif. »
La boutique, c'est aujourd'hui 1750 élèves et 145 profs à gérer, avec 2 600 heures de cours par semaine, 15 tonnes de bouquins et une anticipation de plus en plus forte des rentrées et des nouvelles formations. Un travail d'équipe, sa « direction assistée », comme il aime à dire. En septembre, Michel Soula, précédemment directeur de la CCI de Rennes et maître de conférences à l'Institut de gestion, prendra sa suite.
Quant à Hervé Boucher, il ne manque pas de projets :
« Je vais finir de m'installer au Minihic-sur- Rance, où j'avais négligé des travaux de bricolage et de jardinage. Je vais peut-être faire un ou deux voyages, vers l'Amérique du Sud. Et puis, je vais pouvoir me consacrer à mes hobbies : piano et contrebasse.
Enfin, je vais garder quelques missions dans l'enseignement catholique, par exemple pour le jubilé de l'an 2 000 à Saint-Malo. »
Eloge du rire et de la colère
Hervé Boucher aime les aphorismes et cite volontiers Alphonse Allais : « Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux. » Il fait l'éloge de la fantaisie « Pour innover et créer, il faut privilégier le rêve et la fantaisie. » Des râleurs également : « Le vrai râleur est utile s'il est authentique, sincère et naturel. Une vraie colère doit être spontanée. » , Il joue un rôle de témoin ou de poil à gratter, sous réserve de n'en faire pas trop.
Il a sa petite théorie sur les catégories de profs, avec d'un côté les « porte cartables» , plus ou moins passifs, de l'autre les « champions», dont le fer de lance est constitué par les excentriques. Les sceptiques ne le gênent pas, car on peut encore les convaincre. En revanche ce « il n'y a rien de pire que l'indifférence. »
Communiquer : « La presse est le moyen incontournable pour ouvrir l'école à l'extérieur. Sans frais. faut-il le souligner. Et surtout, quel fabuleux moyen pour l'enfant ou l'adolescent de se voir reconnaître dans le monde des adultes. »
Diriger : « On a dit celui qui prévoit et qui pourvoit, le proviseur; manager, chef d'entreprise. C'est surtout celui qui sait et qui ne garde pas l'info pour lui; qui est capable de gérer les zones d'incertitude quant à l'avenir. »
Missions: « Nous n'avons plus le droit d'échouer à l'école, car c'est le début de l'exclusion. (... ) La qualité d'un lycée se mesure aussi à sa capacité à apporter une réponse et une solution aux élèves qui se situent en marge du flot normal, même si leur nombre tend à s'accroître. Les bons élèves n'en souffrent pas « Les élites arrivent toujours à l'excellence. »
Humeurs : « La faiblesse de l'enseignement privé aujourd'hui, c'est l'individualisme, la dispersion, des efforts, l'absence de cohésion. » La mise en réseau passera par la définition d'une charte.
Quant à l'État. il pourrait mieux faire pour l'enseignement privé dans les domaines de l'immobilier et du social.
Gérard LEBAILLY - Ouest-France 4-5 juillet 1998
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Dernière mise à jour : 05 juilet 2005 - Contact